Les batailles de Bullecourt
Avant la guerre, Bullecourt est un paisible village rural du Pas-de-Calais. Dès 1914, il se retrouve sous occupation germanique. En 1916, les Allemands décident de fortifier la région pour en faire une ligne défensive imprenable : la ligne Hindenburg. Cette position consiste en une succession d’ouvrages défensifs lourdement armés et protégés par un réseau de barbelés inextricables.
[Réseau de fils de fer barbelés devant la ligne Hindenburg, près d’Héninel. Photographie par John Warmick Brooke, Imperial War Museum, Q 5286.] (photo)
Le 9 avril 1917 marque le début d’une grande offensive britannique : la bataille d’Arras. Les Canadiens s’élancent sur Vimy, tandis que les Britanniques sortent des carrières souterraines arrageoises. Les premières heures de l’offensive sont prometteuses, et on demande alors à la 4e division australienne et à la 62e division britannique d’attaquer à leur tour. Ce nouvel assaut doit se faire plus au sud, sur une section de la ligne Hindenburg : à Bullecourt.
Vue aérienne de la ligne Hindenburg, partie ouest de Bullecourt, 2 février 1917. Australian War Memorial, A02477.] (photo)
Cette attaque devait permettre l’essai d’une nouvelle tactique d’utilisation des chars, armes apparues sur le front en septembre 1916. L’assaut, initialement prévu le 10 avril, est reporté au 11, les 12 tanks prévus n’ayant pas pu arriver à temps. À la suite de ce désagrément, l’offensive est lancée. Le traditionnel barrage d’artillerie, destiné à abîmer les barbelés et réduire les défenses ennemies, est remplacé par les chars. Malheureusement, ces derniers seront tous mis hors de combat les uns après les autres, laissant l’infanterie bien isolée. Les Australiens parviennent tout de même à prendre une partie de la première et de la seconde ligne. Cependant, l’artillerie alliée, ne connaissant pas leur position, ne peut leur apporter aucun soutien. Les Allemands contre-attaquent donc à la mi-journée, obligeant les assaillants à se replier. Ce jour reste comme un sanglant échec pour les Australiens. En quelques heures, 3 000 hommes sont perdus, dont 1 142 furent faits prisonniers.
[Char Mark II N°799 du Lieutenant Harold Davies détruit à Bullecourt, 11 avril 1917. Australian War Memorial, P12411.001.] (photo)
Une autre tentative est rapidement prévue, devant avoir lieu le 3 mai 1917. Cette fois, ce sont les 1re, 2e et 5e divisions australiennes qui prennent part à la bataille, tout comme la 62e division britannique, de nouveau engagée. La bataille s’étendit jusqu’au 21 mai 1917. Après de terribles combats, Bullecourt se retrouve de nouveau aux mains des Alliés, ainsi que deux kilomètres de tranchées allemandes. Un gain territorial et stratégique mineur au regard des pertes subies : 7 000 soldats du côté des Britanniques et 10 771 chez les Australiens, faisant face aux 10 000 pertes germaniques. Dès le printemps 1918, les Allemands reprirent le terrain cédé durant ce qui fut leur dernière grande offensive.
[Des Australiens dans des tranchées de seconde ligne derrière Riencourt, mai 1917. Australian War Memorial, E00454.] (photo)